qui lui rappellerait décidément une faute odieuse, avilissante ? Pourquoi ne pas admettre que ce pauvre ambassadeur, déjà vieux et vaincu du temps, comme dit le poète, finit par se décourager et par devenir bon homme ?
Et en effet, jusqu’à la publication du fragment malencontreux, on avait cru dans la société que, si M. de Ferriol avait eu à un moment quelque dessein sur elle, Mlle Aïssé avait dû à la protection des fils de Mme de Ferriol, et particulièrement à celle de d’Argental, de s’être soustraite aux persécutions de l’oncle. C’était le sentiment des premiers éditeurs, héritiers des traditions et des souvenirs de la famille Calandrini ; personne alors ne le contesta[1]. L’Année littéraire, parlant d’Aïssé au sujet de cette publication, disait : « Elle se fit aimer de tout le monde ; malheureusement tout autour d’elle respirait la volupté. Cette éducation dangereuse ne la séduisit cependant pas au point de la faire céder aux
- ↑ On trouve dans le Journal de Paris, du 28 novembre 1787, une lettre signée Villars qui reproche à l’éditeur d’avoir mêlé à sa publication des anecdotes défavorables à la famille Ferriol ; le témoignage de M. d’Argental, encore vivant, y est invoqué. Cette lettre, écrite dans un intérêt de famille, prouve une seule chose, c’est qu’on était loin de croire alors et qu’on n’avait jamais admis jusque-là qu’Aïssé eût été sacrifiée à l’ambassadeur. — Voir ci-après la note (G).