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CONGRÈS DE ROUBAIX

suffire aux ébats des petits, des moyens et des grands lâchés. en même temps pour quelques minutes dans un espace insuffisant. Comment jouer ? comment courir ? Cela est matériellement impraticable. On se bouscule, on ne joue pas. Les maîtres doivent sans cesse veiller au grain pour empêcher les collisions de dégénérer en batailles. Les enfants eux-mêmes se résignent. Ils tournent en rond au lieu de galoper. Ils ne se poursuivent pas, ils se suivent. Cette allure n’est pas normale, elle n’est pas naturelle, elle n’est pas hygiénique.

Les enfants ne peuvent pas de la sorte satisfaire l’impérieuse nécessité de travail musculaire, de respiration profonde, de détente nerveuse dont leur âge leur fait une loi et le milieu où ils vivent une impossibilité. Rien n’est plus malheureux. Si l’écolier qui ne joue pas est un enfant malade, l’école où l’on ne peut jouer est une école malsaine. Il faut chercher un remède et il faut le trouver.

Cela est d’autant plus nécessaire que, si l’écolier ne peut jouer à l’école, il peut encore moins le faire hors de l’école. Essayez de vous représenter ce que peut être le jeudi d’un petit Parisien vous qui, dans votre enfance, aviez pour occuper vos jours de congé, un choix illimité d’amusements au grand air, le voisinage d’un mail ombragé, les cachettes d’un parc, la solitude de grandes places où ne passaient jamais d’autos. Comparez ce qui est avec ce qui devrait être, si la cité moderne était aménagée avec une intelligence plus humaine des intérêts généraux et de l’avenir du pays.

On s’indigne souvent contre les propriétaires qui refusent de louer leurs appartements aux ménages chargés d’enfants et l’on a raison de s’indigner, bien qu’en fait cela n’avance à rien. Mais ce n’est pas seulement la question du logement qui se pose en problème redoutable devant le père de famille, c’est cette autre énigme : comment faire jouer les enfants les jours où ils ne vont pas à l’école ? On ne saurait exiger d’eux qu’ils restent bien tranquilles dans un coin, leurs devoirs terminés, à lire quelque volume si intéressant soit-il, ou à regarder des images. Il ne suffit pas non plus de leur donner la clé des champs, si l’on peut s’exprimer ainsi, ni de les laisser se débrouiller entre amis du même âge ou à peu près. Il faudrait leur offrir tout au moins la sécurité ambiante, sécurité matérielle et sécurité morale. Or, il est de toute évidence que ni l’ouvrier, ni le petit bourgeois, employé de bureau ou de