Le troupeau n’était pas tout près. Cependant Phanis et Dimos veulent voir le jeune Valaque, le frère d’Aphrodo. Ils vont lui parler. Est-ce qu’il va seulement leur répondre ? Ou bien aurons-nous encore des « ’éi » et des « ’an » ?
Ils ont avancé rapidement et sont arrivés devant lui. À cette heure le troupeau était éparpillé et pâturait. Les chèvres mâchouillaient : thym, épines, herbes ou petites branches. Lambros criait « Tsep ! Tsep ! Tsep ! », jetait des pierres et les rassemblait.
— Tu vois ça, mon pauvre Dimos ! dit Phanis, un enfant de dix ans qui gouverne un si grand troupeau ! Tu pourrais en faire autant ? Moi non.
— Moi non plus, fit Dimos.
Ils disaient juste. Est-ce facile de garder deux cents chèvres ? Rien que jeter les pierres ici et là comme le fait Lambros, crier, siffler, courir pour regrouper des bêtes si récalcitrantes, ça en userait même un grand.
De plus Lambros marche seul dans la nuit ; Phanis pourrait-il en faire autant ? Rester comme ça des heures, seul avec les ombres des arbres et des rochers, et dans le noir ? C’est qu’un jeune Valaque sait faire bien des choses.
Dimos et Phanis ont avancé vers Lambros qui se tenait debout avec son bâton bien droit. Maintenant, ce jeune Valaque aux yeux noirs, ils le voyaient comme un homme.
— Salut Lambros, ils lui ont dit.
Lambros leur a répondu, après les avoir regardés de la tête aux pieds :
—’jour !
C’est bon, il a dit un mot.