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sments, infortunés amateurs de la terre, vous qui détruisez votre corps avant le temps et donnez la mort à votre âme. D’où vous viennent ces infirmités si multipliées et ces morts si soudaines, si ce n’est de l’excès de vos festins et de l’usage effréné des plaisirs ? Alors que vous croyez en jouir avec bonheur, vous vous trompez vous-mêmes, vous oubliez votre âme pour votre corps, et avant le temps vous précipitez le corps et l’âme sous les coups de la mort. Livrez-vous à la bonne chère et enivrez-vous, car après la mort vous ne pourrez plus le faire ! Semez la corruption, et de la corruption vous moissonnerez la sentence divine que le Juge irrité lancera au grand jour du jugement, en disant : « Allez, maudits, au feu éternel[1]. »

Hélas ! votre cœur s’est endurci à l’égal de la pierre, si vous ne tremblez en pensant que vous vous exposez à une telle sentence à cause des consolations futiles de ce monde. Mais peut-être direz-vous qu’après avoir passé votre vie dans le péché, vous en ferez l’aveu à l’heure de votre mort et que vous en obtiendrez de Dieu le pardon. Hélas ! vaine espérance ! fausse pensée ! Il arrive rarement qu’à la fin de sa vie celui-là mérite l’indulgence divine, qui, aux jours de la force et de la santé, n’a pas craint de se rendre coupable contre Dieu. C’est ma persuasion : « je tiens pour certain que celui dont la vie a toujours été mauvaise n’aura point une bonne fin. « La mort des saints est précieuse devant le Seigneur[2],

  1. Matt., 25.
  2. Ps.115.