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C’est ainsi qu’à l’heure de la mort il méritera d’entendre cette douce parole adressée autrefois au Larron : « En vérité, je vous le dis : vous serez aujourd’hui avec moi dans le Paradis[1]. »

Enfin, ce qui doit en dernier lieu éteindre en nous l’amour de ce monde, c’est la blessure secrète que les biens de la terre ont coutume de faire à ceux qui les aiment. Il est difficile, en effet, de se conserver sans tache au milieu des vanités du siècle : sans cesse exposé au danger, vous ne sauriez être longtemps en sûreté. Elle est donc heureuse, cette âme dont les plaisirs ne sont accompagnés d’aucune souillure, et qui voit accroître sa pureté dans le calme de la vérité ; cette âme que la loi de Dieu pénètre d’une telle félicité qu’elle la rend victorieuse de tous les plaisirs de la chair. Oui ! celui qui a commencé à goûter Jésus-Christ ne trouve plus qu’amertume en ce monde, car la chair devient intolérable à l’âme qui a joui de son Sauveur.

[2] Saint Augustin s’écrie à cette occasion : « Je vous en prie, Seigneur ! Que tout me devienne amertume ; soyez vous seul doux à mon âme, vous, la douceur ineffable, qui rendez suave les choses les plus amères. C’est cette douceur qui changea en délices pour Laurent les charbons embrasés ; cette douceur qui remplit de joie les apôtres lorsqu’ils s’en retournaient heureux d’avoir été dignes de souffrir des injures pour le nom de Jésus. André marche au supplice dans l’ivresse et la sécurité,

  1. Luc.,23.
  2. Lib. Soliloq., c 22.