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à la joie et au repos que goûte un cœur pur ; au bonheur qui remplit une intelligence occupée à contempler Dieu ; à la sécurité et à l’espérance dont jouit une âme pleine du divin amour, je me dis qu’une telle vie est véritablement une image de la vie de Dieu même. » Il est aveugle celui qui s’adonne à autre chose, car tout ce qui est incréé nous déifie.

Qu’est-ce donc que notre vie, sinon une course vers la mort ? Qu’est-ce que vivre, sinon subir un long tourment ? Si l’on voulait juger chaque chose d’un point de vue plus élevé, on verrait qu’en tout il n’y a que peine et misère. O partisans du monde ! pour quelle fia travaillez-vous ? Pourquoi vous tourmenter vous-mêmes pour des riens, quand il est en votre puissance de posséder le Créateur de l’univers ? Que cherchez-vous de plus ? De quoi pourrez-vous être satisfaits si le Créateur lui-même est insuffisant à vos désirs ? Ô enfants des hommes ! jusqu’à quand aurez-vous le cœur appesanti ? Pourquoi aimez-vous la vanité et cherchez-vous le mensonge[1] ? Gardez-vous d’aimer le monde et ce qui est dans le monde.

Quiconque veut arriver à la terre de promission, c’est-à-dire acquérir la gloire de la patrie céleste, doit nécessairement traverser la mer Rouge en se servant de la verge de la croix, passer de l’Égypte dans le désert, renoncer à une vie de délices et aux ténèbres du péché, se soumettre à une vie laborieuse et mourir avec Jésus-Christ sur la croix de la pénitence.

  1. Ps. 4