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de ce monde, c’est le danger auquel sont exposés ceux qui y vivent. Que font les hommes du siècle vivant selon le siècle ? Ils s’enfoncent de plus en plus dans le péché, et leur âme est tellement percée des blessures de leurs crimes qu’ils ne la sentent même plus. L’adultère, la fraude, le vol, le mensonge et tous les maux se sont répandus avec abondance. Depuis le plus petit jusqu’au plus grand, tous s’appliquent à satisfaire leur avarice. Chacun poursuit avec une ardeur sans frein la femme qui lui est étrangère[1]. Chacun ne songe qu’à étendre davantage les limites de ses domaines. Et il n’en est point, ou du moins il en est peu qui pensent aux moyens de sauver leur âme. Oh ! comme le démon est triomphant de nos jours. Tous suivent la pente du péché. C’est à peine s’il en est un petit nombre qui se convertissent. Tout notre superflu s’en va en folles dépenses ; nous soupirons après les biens de la terre ; nous n’avons de pensées que pour les choses de la terre ; nous dédaignons Dieu et ses commandements, et nous écoutons sans effroi parler de ses jugements formidables. Non, mes frères, n’aimez pas le monde ni ce qui est dans le monde, car tout ce qui s’y trouve devient une arme à l’usage du démon ; mais servons Jésus-Christ : « rien n’est meilleur, rien n’est plus avantageux qu’une bonne vie.

Ce qui nous porte en sixième lieu à fuir le monde, c’est l’inconstance des choses qu’il renferme. Nous lisons qu’un philosophe s’écriait : « Quand je pense

  1. Jer., 8-5.