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Ce monde est vain et trompeur. L’heure où il doit finir est incertaine, la mort est horrible, notre juge formidable, et la peine infinie.

Le quatrième motif qui nous sollicite au mépris de ce monde, c’est l’inconstance de sa gloire. En effet, alors que l’homme demeure avec le plus de joie et de bonheur sur cette terre, alors qu’il espère y passer encore de longues années, il est enlevé tout-à-coup par la mort ; son âme est séparée de son corps, et, pleine de misères, elle s’avance, tremblante et dans la douleur, vers une région entièrement inconnue ; elle voit les démons venir à sa rencontre et lui faire cortége. Où sont maintenant ces courtisans du monde qui, il y a quelques jours seulement, vivaient au milieu de nous ? Il n’est resté d’eux que de la poussière et des vers. Remarquez bien ce qu’ils sont et ce qu’ils ont été. Ils furent des hommes comme vous : ils ont bu, ils ont mangé, ils ont passé leurs jours dans les délices, et ils sont descendus en un moment au fond des abîmes. Ici leur chair est abandonnée aux vers, et là-bas leur âme est la proie des flammes éternelles. Gardez-vous donc, mes frères, d’aimer le monde, mais suivez Jésus-Christ qui a dit : « Mon royaume n’est pas de ce monde[1]. » Soupirez de tous les désirs de votre âme après la céleste patrie, afin de pouvoir la posséder au dernier jour. Il n’y a point ici-bas de vraie consolation ; mais la vie véritable se trouve là où la mort ne sera jamais à redouter.

La cinquième chose qui doit nous retirer de l’amour

  1. Joan., 18.