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dernière de toutes choses ! Ils sentiraient combien grande est la multitude des réprouvés, combien faible est le nombre des élus, combien frivole est la vanité de ce qui est terrestre. Ils reconnaîtraient le nombre effroyable des péchés qui se commettent, la grandeur du bien qu’on omet et la perte du temps ; ils se mettraient en garde contre le péril de la mort, le jugement suprême et le supplice éternel.

La mort nous montre à découvert que tout ce que les impies poursuivent en ce monde, c’est-à-dire les richesses, les plaisirs, les honneurs, doit être l’objet de nos mépris. Elle nous montre que le travail de ceux qui recherchent les richesses est un vain travail, puisque l’homme doit rentrer nu au sein de la terre ; que la fatigue à courir après les plaisirs est inutile, puisque le corps le plus délicatement nourri deviendra la pâture des vers ; que l’ambition des honneurs est infructueuse, puisque l’homme sera recouvert de terre et foulé aux pieds par les autres hommes et les animaux. Gardez-vous donc, mes frères, d’aimer le monde et ce qui est dans le monde. Laissons là ces choses vaines et futiles ; portons-nous seulement à la recherche des biens qui ne finiront point. Cette vie est pleine de misères ; la mort viendra nous la ravir tout d’un coup, au jour le plus imprévu, et ensuite il n’y aura plus que des supplices pour celui qui aura négligé d’en profiter. Rentrez en vous-mêmes, ô prévaricateurs[1], et attachez-vous à celui qui vous a créés ; demeurez avec lui et vous serez inébranlables.

  1. Is., 46.