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présente. Tout passe, tout s’envole, tout s’évanouit comme une fumée. Malheur donc à ceux qui aiment de telles chimères ! Aussi quelqu’un a-t-il écrit : « Le jour présent s’enfuit, et l’on ignore encore quel sera le lendemain. Apportera-t-il la peine ou le repos ? Ainsi disparaît la gloire du monde. »

Oui, le monde passe et sa concupiscence passe avec lui. (Saint Jean, I, 2, 9.) Que choisirez-vous donc ? de vous attacher aux choses temporelles et de vous en aller avec le temps, ou bien d’aimer Jésus-Christ et de vivre pour l’éternité ? Les hommes parfaits ont sans cesse sous les yeux la brièveté de la vie présente ; ils vivent comme s’ils mouraient chaque jour, et ils se préparent avec d’autant plus de sollicitude à l’avenir, qu’une méditation continuelle de la fin de toutes choses leur fait voir que ce qui passe ne saurait avoir la moindre valeur ; que ce qui vient après cette vie étant sans limites est immense, et que ce qui finit n’est rien. Leur âme éclairée par la lumière d’en-haut fixe sur les biens célestes les regards d’une considération attentive ; et plus elle comprend la réalité de ces biens suprêmes, plus elle dédaigne profondément ceux de la terre. Aussi les plaisirs de cette vie, plaisirs tant estimés des pécheurs, ne sont aux yeux des justes qu’une vile boue, et ils fuient comme une calamité ce qui est cher aux amateurs du siècle ; car ils savent que ceux-là sont ennemis de Dieu, à qui le monde est toujours prospère. Ô pécheurs dépourvus d’intelligence et privés de prudence ! ah ! s’ils avaient la sagesse ! s’ils comprenaient et prévoyaient la fin