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connaît Jésus-Christ et ignore tout le reste. Malheureux, au contraire, celui qui sait tout et méconnaît Jésus-Christ. « Savoir beaucoup de choses sans Jésus, a dit quelqu’un, c’est vraiment ignorer ; mais savoir bien Jésus-Christ, c’est assez, quand même vous seriez étranger à tout le reste. »

La seconde chose à considérer, c’est que l’amour du monde nous fait négliger un bien meilleur. En effet, les hommes pleins de cet amour sont tellement appliqués et empressés à acquérir les biens terrestres, qu’ils négligent les biens célestes. Car, plus ils s’avancent, sous l’empire de cet amour, dans l’oubli de Dieu, plus ils en sont abandonnés et plus leur âme s’endurcit. En même temps plus ils s’attachent au mal, moins ils comprennent les biens qu’ils perdent. Arrivés au mépris de Dieu, ils ne sentent plus combien déplorables sont les actes d’une telle vie. Mais les saints, au contraire, n’ayant aucune affection pour ce monde, ne désirant que la grâce céleste ; les saints, dis-je, vivent dans une tranquillité profonde ; car la félicité terrestre n’est rien autre chose qu’une grande misère. Oh ! combien heureux est celui à qui il a été donné de mépriser le monde et de servir Jésus-Christ ! Être esclave du Seigneur est un bien préférable à toute liberté.

La troisième raison qui doit nous exciter au mépris du monde et des choses temporelles, c’est leur vanité. La joie du siècle n’est en effet que vanité. On soupire avec ardeur après son arrivée lorsqu’elle est à venir ; et l’on ne peut la retenir lorsqu’elle est