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CONFÉRENCE


SUR LE MÉPRIS DU MONDE


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Il y a en ce monde sept choses qui, soigneusement pesées et attentivement considérées, apprendraient à l’homme à le mépriser facilement, à le vaincre, à le fuir et à se porter à servir Dieu. Car servir Dieu, c’est sortir de l’esclavage.

La première chose, c’est la peine qui accable les partisans empressés du monde. Quel homme, en effet, pourra demeurer sans tourment dans les honneurs, sans tribulation dans le commandement, et sans vanité dans l’élévation ? Aussi les réprouvés s’écrieront-ils à la fin des temps : « Nous nous sommes lassés dans la voie de l’iniquité et de la perdition ; nous avons marché dans des chemins âpres.[1] » Ils se fatiguent sur la terre dans leurs désirs, et après cette vie ils sont en proie aux tourments. Notre cœur trouvera donc une sécurité profonde à n’être possédé en rien par la concupiscence du siècle. S’il soupire, au contraire, après les choses de la terre, jamais il ne pourra goûter ni paix ni tranquillité : ce qu’il n’a pas excitera sa convoitise, et ce qu’il a le remplira de la crainte de se le voir enlever. « Gardez-vous donc, mes bien-aimés, de chérir le monde et ce qui est dans le monde[2], » je veux dire les délices et les richesses du monde. Bienheureux l’homme qui

  1. Sap., 5
  2. Joan., 2