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terre. Les consolations de ce monde sont à ses yeux un poison mortel.

Enfin, quand la neuvième heure est venue, la mort l’étreint sans réserve, car la violence de son amour a brisé l’enveloppe de sa chair.

VII.

Elle s’est rappelée qu’à la neuvième heure, lorsque tout est consommé, son Seigneur a poussé un grand cri, et que soudain il expira.

Alors, comme si la mort l’avait saisie, elle s’écrie que la voix de son Dieu a pénétré son cœur et qu’elle l’a déchiré.

Impuissante à soutenir un coup si redoutable, elle a quitté la vie. Mais à cette âme heureuse les portes du ciel se sont ouvertes sans retard et lui ont montré qu’elle est digne de prendre place avec les saints dans la patrie.

Non, pour cette âme nous ne pousserons pas des soupirs suppliants ; mais plutôt nous ferons entendre nos chants de joie, car prier Dieu en faveur d’un martyr, c’est profaner l’éclat de sa sainteté.

Ô âme sainte ! ô tendre rose ! lis de la vallée, pierre précieuse, vous pour qui votre chair fut toujours un objet de haine, heureuse est votre fin, inestimable est votre mort !

Oui, vous êtes heureuse ! vous goûtez le repos si longtemps l’objet de vos désirs. Doucement assoupie entre les bras de l’Époux et unie pour toujours à son esprit, vous jouissez de ses baisers pleins d’amour.