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tense, afin de ressentir plus vivement l’aiguillon de l’amour, elle tourne ses pensées vers la Passion du Sauveur.

VI.

Arrosée de ses larmes, elle fixe ses regards sur le tendre Agneau, sur cet Agneau sans tache, couronné d’épines, meurtri de blessures, percé de clous, et tout couvert du sang que le fer a fait jaillir de son côté.

Alors, cette âme sainte se lamente et s’écrie : « Hélas ! hélas ! hélas ! infortunée ! le visage décoloré de Jésus mourant sur la croix, ses yeux languissants m’ont plongée dans l’angoisse.

« Convenait-il donc, ô Agneau miséricordieux ! convenait-il qu’une mort semblable devînt votre partage ? Mais c’est ainsi que vous aviez arrêté de vaincre notre ennemi pervers, et tout s’est accompli pour nous donner une preuve de votre amour.

« Oui ! toutes ses souffrances sont des signes d’amour. Il a uni les dernières aux premières, il a joint ce qu’il y avait le plus élevé à ce qu’il y avait de plus faible ; et, en mourant de la sorte, en répandant votre sang par tant d’ouvertures à la fois, vous nous avez montré, Seigneur, que nous sommes vraiment semblable à l’animal privé de raison.

« Vous êtes pour nous un ami nouveau ; vous êtes un vin nouveau ; c’est ainsi que le sage vous appelle, et c’est avec justice ; car de toute votre personne il sort un parfum qui ravit, et vous rompez sans crainte le vaisseau de votre chair, sans égard pour sa beauté.

« Qu’en présence de tels signes d’amour, le pécheur,