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« C’est qu’il était naturel à votre cœur de se laisser toucher. Vous désiriez inspirer l’amour et non la crainte, vous faisiez entendre votre voix, et jamais vous ne montriez la verge qui châtie, car vous ne vouliez point qu’on vous redoutât comme un maître sévère.

« Elle a reconnu, celle qui fut surprise dans le crime, combien immense est votre charité. Madeleine aussi en fit l’épreuve, lorsque ses fautes lui furent remises et qu’une grâce abondante vint monder son âme.

« Que dirai-je de plus ? Pourquoi énumérer tous ceux qui s’empressèrent de suivre ses paroles ? Tous ont vu leurs crimes pardonnés ; tous ont senti une vie nouvelle les animer ; tous se sont trouvés à l’abri des embûches d’un ennemi jaloux.

« Heureux celui à qui fut donné de vivre en tout temps sous un tel Maître, de se nourrir du miel sacré que répandaient ses lèvres, miel dont la douceur rend tout le reste amer et repoussant ! »

Ainsi, l’esprit, en méditant ces merveilles et tant d’autres que je passe sous silence, se prépare à rendre grâces au Seigneur. Il s’enflamme à chanter ses louanges, et termine de la sorte le chant de la troisième heure.

Allons ! allons ! s’écrie l’âme à ce moment ; versant des larmes abondantes sur son exil, elle loue et glorifie de toutes ses forces Jésus qui, pour elle, a daigné tant souffrir.

En cette heure, elle semble comme enivrée ; mais au milieu du jour, lorsque la chaleur devient plus in-