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abondantes, et tout ce que son amour à daigné souffrir pour les pécheurs, tandis qu’il s’efforçait de mettre un terme à leurs désordres.

Et la voix toute gonflée des soupirs de l’amour : « Allons ! allons ! » s’écrie cet oiseau bienheureux, enflammé du désir de mourir au monde dont la voie est large, et ne trouvant, dans le siècle qu’exhalaisons fétides, tant sa pureté est grande.

« Ô Seigneur ! dit cette âme, vous faites donc entendre votre voix ; ô doux prédicateur, refuge des exilés, vous qui aimez les pauvres, vous le tendre consolateur des cœurs pénitents, après vous doivent courir et le juste et le pécheur.

« Vous êtes la règle du juste, vous êtes l’enseignement de sa vie ; vous êtes le miroir du pécheur et la règle admirable qu’il doit embrasser ; vous êtes le baume efficace qui ranime les faibles et ceux que la fatigue accable ; vous êtes la médecine salutaire qui rend la santé aux malades et la vie à ceux qui languissent.

« C’est vous qui, le premier sur la terre, avez établi une école d’amour, vous qui avez enseigné à ne chercher que la gloire de Dieu, à déposer le fardeau pesant du monde, et à revêtir ainsi la robe d’innocence si longtemps perdue.

« Et le monde insensé méprisait vos enseignements divins ; il s’en faisait un jeu, et réduisait ainsi vos promesses au néant ; et cependant votre bonté ne proférait aucune parole de vengeance ; elle pardonnait sans réserve à celui qui se repentait.