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IV.

Ainsi, en méditant, l’âme passe les premiers instants du jour ; mais ensuite, se reportant à la première heure, elle exalte sa voix, en repassant pieusement en sa pensée ce temps de salut où le Seigneur, caché sous les voiles de la chair, a paru parmi nous.

Alors elle se fond tout entière d’amour ; elle est saisie d’effroi en contemplant l’Auteur de toute créature devenu petit enfant, vagissant comme les autres enfants des hommes et s’employant à guérir nos anciennes misères.

Elle pleure donc et s’écrie : « Ô source de tendresse ! Qui vous a revêtu des lambeaux d’une pauvreté si dure ? Qui vous a porté à vous donner ainsi sans mérite aucun de notre part ? Ah ! c’est la violence de votre amour, c’est l’ardeur de votre charité.

« Oui, il a été véhément ce zèle, elle a été brûlante cette ardeur. Le Roi des Cieux a été vaincu par sa puissance ; il a été son captif ; vaincu et enchaîné par ses liens sacrés, il a été revêtu des baillons d’un pauvre enfant.

« Ô doux petit Enfant ! Enfant sans égal ! Heureux celui à qui il fut donné alors de vous serrer dans ses bras, de baiser vos mains et vos pieds, de consoler vos larmes, et de demeurer sans cesse appliqué à vous servir !

« Hélas ! pourquoi ne m’a-t-il point été permis de calmer les vagissements de cet Enfant et de mêler mes pleurs aux siens ? Que n’ai-je pu réchauffer