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Philomèle, c’est l’âme pleine de vertus et d’amour. Alors que par la pensée elle parcourt sa belle et délicieuse patrie, elle fait entendre des chants vraiment délectables.

Pour accroître sa sainte espérance, un jour mystique est offert à ses yeux, et les heures de ce jour, ce sont les bienfaits que la main de Dieu ne cesse de répandre sur l’homme.

Le matin, ou le point du jour, c’est le moment où il sort merveilleusement des mains de son Créateur. La première heure, c’est l’instant où Dieu s’est incarné, et la troisième, le temps que dura son pèlerinage au milieu de nous.

La sixième, c’est le jour où il se livra aux impies, où il voulut être lié, conduit avec violence, flagellé, conspué, être livré à des tourments cruels, être crucifié, percé de clous, où il soumit sa tête vénérable à une couronne d’épines.

La neuvième, c’est lorsqu’il meurt après avoir accompli le cours de ses combats, après avoir surmonté le démon et jeté l’effroi dans son empire. Et le soir, c’est le moment où le Seigneur fut enseveli et mis dans le tombeau.

III.

L’âme, méditant dans le secret ce jour bienheureux, en fait le terme de sa mort spirituelle ; et elle monte sur la croix où le Lion indomptable a vaincu son ennemi et brisé les portes de la mort.

Là, sans tarder, elle élève vers le ciel les accents de son cœur, et reporte ses chants à l’aurore de sa vie.