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VIII
NICOLAS MACHIAVEL.

négligea rien pour l’instruction de son fils. Il fut dignement secondé par sa femme Bartholomée, qui cultivait la poésie avec succès.

La première jeunesse de Machiavel n’a laissé aucun souvenir, même pour ses biographes les plus attentifs. On sait seulement qu’il fut placé, en 1494, auprès de Marcel Virgile, professeur de littérature grecque et latine, traducteur de Dioscoride et secrétaire de la république de Florence. Suivant Paul Jove, il remplissait auprès de Marcel Virgile les fonctions de copiste et d’expéditionnaire, notarius et assecla. Quelques années plus tard, — il était alors âgé de vingt-neuf ans, — il fut nommé successivement chancelier de la seconde chancellerie dé signori et secrétaire de l’office des dix magistrats de liberté et de paix, office qui constituait le gouvernement de la république. Il occupa ce poste pendant quatorze ans et cinq mois, « et, durant cet espace de temps, on lui confia, dit M. Périès, vingt-trois légations à l’extérieur, outre un grand nombre de missions dans l’intérieur de l’État[1]. »

  1. Œuvres complètes de Machiavel, trad. par J.-V. Périès. Paris, 1823 et suiv. — Hist. de Machiavel, t. Ier, p. 12. — Nous n’entrerons point dans le détail de ces diverses légations qui se rattachent pour la plupart à des objets d’une importance secondaire et qui demanderaient, pour être bien comprises, ainsi que nous l’avons dit dans l’avertissement, un très-long commentaire sur les affaires d’Italie, ainsi que sur les affaires de la France, dans leur rapport avec celles de la péninsule. Nous aurons occasion de démontrer plus loin que l’influence de Machiavel, comme homme pratique, a été singulièrement exagérée, et qu’on a voulu, bien à tort, le considérer comme un grand diplomate, lorsqu’il n’était en réalité qu’un simple chargé d’affaires. Le grand homme pratique de la politique italienne au seizième siècle, ce n’est point Machiavel, c’est Jules II. Nous allons donc nous borner à indiquer, par ordre de dates, les missions ou légations dont le souvenir est arrivé jusqu’à nous, en faisant remarquer que ces missions n’ont laissé aucune trace dans l’histoire ; que jusqu’en 1760 on avait complétement ignoré que Machiavel eût accompli divers voyages pour les affaires publiques de son pays, et que c’est seulement à cette époque que les dépêches et autres pièces relatives à ces voyages ont été retrouvées par le docteur Ferdinand Fossi, préfet de la bibliothèque Magliabecchiana et directeur des archives de Florence. Voici l’indication des missions de Machiavel : 1498, première mission auprès du seigneur de Piombino ; — seconde mission près du même seigneur ; — 1499, légation auprès de Catherine Sforza, comtesse de Forli ; — 1500, première commission à l’armée qui assiégeait Pise ; — première légation à la cour de France ; — 1501, commission à Pistoja ; — 1502, commission à Arezzo, lors de la révolte de cette ville ; — légation auprès du duc de Valentinois, César Borgia. Cette légation, la plus importante de toutes celles qu’a remplies Machiavel, mais dans laquelle du reste il n’eut aucune influence sur les événements, se rattache à l’histoire de la restauration pontificale en Italie ; — 1503, première légation à Sienne ; — première légation à la cour de Rome ; — 1504, seconde légation à la cour de France ; — mission auprès du seigneur de Piombino, Jacques V d’Appiano ; — 1505, légation auprès de Gianpagolo Baglioni ; — légation auprès du marquis de Mantoue, Jean-François II de Gonzaga ; — seconde légation à Sienne, auprès de Pandolfo Petrucci ; — seconde mission à l’armée qui assiégeait Pise ; — 1506, seconde légation à la cour de Rome ; — second envoi auprès du seigneur de Piombino, Jacques V d’Appiano ; — légation auprès de l’empereur Maximilien Ier ; — 1507, troisième légation à Sienne ; — 1508, seconde mission dans l’intérieur de l’État ; — 1509, troisième commission à l’armée qui assiégeait Pise ; — légation à Mantoue ; — 1510, troisième légation à la cour de France ; — 1511, trois différentes missions dans l’intérieur de l’État, à Sienne et auprès de Luciano Grimaldi, seigneur de Monaco ; — quatrième légation à la cour de France à l’occasion du concile de Pise ; — mission à Pise dans le temps du concile ; — commission pour lever des troupes ; — 1512, mission à Pise et autres lieux ; — 1521, légation au chapitre des frères mineurs, à Carpi ; — 1525, légation à Venise ; — 1526, mission à l’armée des confédérés qui assiégeait Crémone ; — première mission auprès de François Guicciardini ; — 1527, seconde mission auprès du même.