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et sans cesse on voyait renaître de nouveaux tumultes, et de plus grands désordres. Las enfin de leurs efforts inutiles, ils résolurent de se servir du second moyen, en éloignant les chefs des deux partis ; en conséquence, ils en plongèrent plusieurs en prison, et exilèrent les autres en divers endroits : c’est alors seulement que la concorde qu’ils rétablirent dans la ville, et qui a duré jusqu’à ce moment, put se consolider. Cependant il est hors de doute que le premier parti eût été le plus sûr. Mais comme de semblables exécutions ont en elles quelque chose de grand et de hardi, une république faible n’ose les employer ; elle en est même si éloignée qu’à peine a-t-elle la force d’arriver jusqu’au second.

Voilà une des erreurs dans lesquelles j’ai dit en commençant que les princes de nos jours se laissaient entraîner, lorsqu’ils ont à juger d’une affaire importante. Il faudrait qu’ils voulussent connaître d’abord la manière dont se sont conduits, dans l’antiquité, ceux qui se sont trouvés dans les mêmes circonstances ; mais le manque d’énergie des hommes de nos jours, produit par la faiblesse de leur éducation et le peu de connaissance des affaires, est cause que l’on regarde en partie les jugements rendus par les anciens comme contraires à l’humanité, et en partie comme impraticables. Ils ont donc adopté dans ces temps modernes des maximes entièrement erronées : telle est celle qu’avançaient encore tout récemment les citoyens de notre ville réputés les plus sages, Qu’il faut maintenir Pistoja par les factions, et Pise par des forteresses ; sans s’apercevoir combien l’une et l’autre de ces mesures est inutile.

Je ne parlerai pas des forteresses, parce que j’ai déjà traité fort au long ce sujet dans un chapitre précédent ; je me bornerai à démontrer combien est vain le moyen d’entretenir les divisions dans une ville dont on a le gouvernement, pour y maintenir son autorité.

D’abord, que ce soit un prince ou une république qui