Page:Œuvres politiques de Machiavel.djvu/487

Cette page a été validée par deux contributeurs.

complot, et renversa tous les projets de Belanti. Mais, comme ces événements sortent de l’ordre commun, il est impossible de s’en garantir. Il est donc nécessaire d’examiner tous ceux qui peuvent naître, afin d’y remédier.

Il ne reste plus maintenant qu’à faire connaître les périls que l’on court après l’exécution. Il n’y en a véritablement qu’un seul : c’est lorsqu’il reste un vengeur au prince qui vient d’être immolé. Des frères, des enfants, des parents peuvent lui survivre, qui ont des droits à sa succession ; et ils lui survivent ou par votre négligence, ou par les causes que nous avons indiquées ; ils se chargent alors de la vengeance : comme il arriva à Giovannandrea da Lampugnano, qui, aidé de ses complices, avait fait mourir le duc de Milan ; mais il restait à ce prince un fils et deux frères qui eurent le temps de le venger. Il est vrai que dans ce cas les conjurés sont excusables ; car il n’y a pas de remède ; mais quand ils laissent subsister un vengeur par imprudence ou par négligence, c’est alors qu’ils ne méritent plus d’excuse.

Quelques habitants de Forli conspirèrent contre le comte Girolamo, leur seigneur, et le massacrèrent ; ils s’emparèrent de sa femme et de ses fils en bas âge ; mais ne se croyant point en sûreté tant qu’ils ne seraient pas maîtres de la citadelle, et le gouverneur refusant de la leur livrer, madame Caterina, c’est ainsi que se nommait la comtesse, promit aux conjurés de la leur faire rendre s’ils lui permettaient d’y pénétrer, et elle consentit à leur laisser ses enfants en otage. Séduits par cette promesse, les conjurés lui permirent de se rendre dans la citadelle ; mais à peine y était-elle entrée, qu’elle leur reprocha, de dessus les remparts, la mort de son mari, et les menaça de toute sa vengeance. Et, pour leur faire voir le peu d’intérêt qu’elle attachait au sort de ses enfants, elle leur montra ses parties génitales, en leur