que là seulement on pouvait tirer parti des forces et des richesses du pays, ainsi que de leurs alliés ; tandis qu’en les combattant hors de l’Italie, on leur laissait toutes les ressources de cette contrée, dans laquelle, comme à une source intarissable, ils puiseraient sans cesse de nouvelles forces ; et il conclut qu’il était plus facile de ravir aux Romains la ville de Rome que l’empire, et l’Italie que les autres provinces. Ils citaient encore l’exemple d’Agathocle, qui, ne pouvant soutenir dans ses foyers la guerre que les Carthaginois lui avaient déclarée, alla chez eux les attaquer, et les contraignit ainsi à lui demander la paix. Ils s’appuyaient enfin de Scipion, qui porta la guerre en Afrique pour en délivrer l’Italie.
Ceux qui sont d’une opinion différente avancent que tout capitaine qui veut causer la ruine de son ennemi doit l’éloigner de ses États. Ils citent les Athéniens, qui, tant qu’ils firent la guerre au sein de leurs États, furent toujours favorisés par la victoire, mais qui virent expirer leur liberté dès qu’ils s’éloignèrent et qu’ils voulurent porter leurs armes en Sicile. On cite encore l’exemple fabuleux d’Antée, roi de Libye, qui, attaqué par l’Hercule égyptien, ne put être vaincu tant qu’il attendit son ennemi dans l’intérieur de son royaume, et qui, trompé par une ruse d’Hercule, ne s’en fut pas plutôt éloigné, qu’il perdit et l’empire et la vie. Telle est l’origine de la fable d’Antée, fils de la Terre, qui reprenait ses forces toutes les fois qu’il touchait le sein de sa mère, et qu’Hercule, qui s’en aperçut, étouffa en le soulevant dans ses bras, pour l’empêcher de toucher la terre. Ils allèguent encore l’opinion des modernes. Chacun sait que Ferdinand, roi de Naples, fut un des princes les plus sages et les plus éclairés de son temps : deux ans avant sa mort, le bruit se répandit que le roi de France Charles VIII se disposait à venir l’attaquer ; au milieu des nombreux préparatifs de défense qu’il faisait, il tomba malade et mourut. Parmi les instructions qu’il laissa à