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suivie seulement par les Romains, mais par les étrangers. J’en citerai un exemple dans le chapitre suivant.



CHAPITRE XV.


Comment les Samnites eurent recours à la religion comme à un dernier remède dans leurs maux.


Les Samnites, après avoir été vaincus plusieurs fois par les Romains, venaient d’être totalement défaits en Toscane ; leurs soldats, leurs capitaines, tout avait péri ; leurs alliés, tels que les Toscans, les Gaulois, les Umbriens avaient partagé leur désastre. Nec suis nec externis viribus jam stare poterant, tamen bello non abstinebant ; adeo ne infeliciter quidem defensœ libertatis tœdebat, et vinci quam non tentare victoriam malebant. Ils résolurent de faire une dernière tentative. Mais comme ils savaient que le succès dépend en grande partie de l’opiniâtreté des soldats, et que, pour l’entretenir, le plus sûr moyen est de faire intervenir la religion, ils imaginèrent de renouveler un ancien sacrifice, en se servant à cet effet d’Ovius Paccius, grand prêtre, et ils en réglèrent les cérémonies de la manière suivante. Après un sacrifice solennel, on fit approcher tous les chefs de l’armée entre les corps des victimes égorgées et les autels allumés ; on leur fit jurer de ne point abandonner un instant le combat ; on appela ensuite tous les soldats les uns après les autres ; puis, au milieu de ces autels et d’une foule de centurions qui tenaient l’épée nue à la main, on leur fit d’abord prêter serment de ne rien répéter de ce qu’ils verraient ou entendraient, après quoi on exigea d’eux de promettre devant les dieux avec des imprécations horribles et les formules de serment les plus épouvantables, de se précipiter partout où leurs chefs le leur commanderaient, de ne quitter le combat