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ESSAIS DE THÉ0DICÈE

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avec le temps de nouvelles dispositions ; et par ce moyen on se peut encore procurer une volonté qu’on n’avait pas, et qu’on ne pouvait pas se donner sur-le-champ. Il en est (pour me servir de la comparaison de M. Hobbes lui-même comme de la faim on de la soif. Présentement il ne dépend pas de ma volonté d’avoir faim, ou non mais il dépend de ma volonté de manger ou de ne point manger ; cependant, pour le temps à venir, il dépend de moi d’avoir faim ou de m’empêcher de t’avoir à une pareille heure du jour, en mangeant par avance. C’est ainsi qu’il y a moyen d’éviter souvent de mauvaises volontés et quoique M. Hobbes dise dans sa réplique n°14, p. 138, que le style des lois est de dire, vous devez faire, ou vous ne devez point faire ceci ; mais qu’il n’y a point de loi qui dise, vous le devez vouloir, ou vous ne le devez point vouloir, il est pourtant visible qu’il se trompe li l’égard de la loi de Dieu, qui dit, non concupisces, tu ne convoiteras pas il est vrai que cette défense ne regarde point les premiers mouvements qui sont involontaires. On soutient 2° Que le hasard (chance en anglais, casus en latin) ne produit rien, c’est-à-dire, qu’il ne se produit rien sans cause ou raison. Fort bien, j’y consens, si l’on entend parler d’un hasard réel. Car la fortune et le hasard ne sont que des apparences qui viennent de l’ignorance des causes, ou de l’abstraction qu’on en fait. 3° Que tous les événements ont leurs causes nécessaires. Mal ; ils ont leurs causes déterminantes, par lesquelles on en peut rendre raison, mais ce ne sont point : des causes nécessaires. Le contraire pouvait arriver, sans impliquer contradiction. 4° Que la volonté de Dieu fait la nécessité de toutes choses. Mal la volonté de Dieu ne produit que des choses contingentes, qui pouvaient aller autrement, le temps, l’espace et la matière étant indifférents à toute sorte défigures et de mouvements.

6. De l’autre côté, selon lui, on soutient: 1° Que non seulement l’homme est libre, absolument, pour choisir ce qu’il veut faire, mais encore pour choisir ce qu’il veut vouloir C’est mal dit on n’est pas maître absolu de sa volonté pour la changer sur-le-champ, sans se servir de quelque moyen ou adresse pour cela. 2° Quand l’homme veut une bonne action, la volonté de Dieu concourt avec la sienne, autrement non. C’est bien dit, pourvu qu’on l’entende que Dieu ne veut pas les mauvaises actions, quoiqu’il les veuille permettre, afin qu’il n’arrive point quelque chose qui serait pire que ces péchés 3° Que la volonté peut choisir, si elle veut vouloir, ou non. Mal par rapport à la volition présente. 4° Que les choses arrivent sans néces-