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La Monadologie[1]

thèses de philosophie, ou thèses rédigées en faveur du prince Eugène
1714

1. La Monade, dont nous parlerons ici, n’est autre chose qu’une substance simple, qui entre dans les composés ; simple, c’est-à-dire sans parties. (Théod., § 10.)

2. Et il faut qu’il y ait des substances simples, puisqu’il y a des composés ; car le composé n’est autre chose qu’un amas, ou aggregatum des simples.

3. Or, là où il n’y a point de parties, il n’y a ni étendue, ni figure, ni divisibilité possible. Et ces monades sont les véritables Atomes de la nature, et en un mot les Éléments des choses.

4. Il n’y a aussi point de dissolution à craindre, et il n’y a aucune manière concevable par laquelle une substance simple puisse périr naturellement. (§ 80.)

5. Par la même raison il n’y en a aucune, par laquelle une substance simple puisse commencer naturellement, puisqu’elle ne saurait être formée par composition.

6. Ainsi on peut dire que les Monades ne sauraient commencer ni finir que tout d’un coup, c’est-à-dire elles ne sauraient commencer que par création, et finir que par annihilation ; au lieu que ce qui est composé commence ou finit par parties.

7. Il n’y a pas moyen aussi d’expliquer comment une Monade puisse être altérée ou changée dans son intérieur par quelque autre créature, puisqu’on n’y saurait rien transposer, ni concevoir en elle

  1. Nous donnons ici le texte de la Monadologie d’après l’édition de M.  Émile Boutroux qui a compulsé le manuscrit autographe de Leibniz à la Bibliothèque de Hanovre, ainsi que deux copies, revues et corrigées par Leibniz lui-même.