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toutes différentes et toutes véritables, et multiplient pour ainsi dire l’univers autant de fois qu’il est possible, de sorte que de cette façon elles approchent de la divinité autant qu’il se peut selon leurs différents degrés et donnent à l’univers toute la perfection dont il est capable.

Après cela, je ne vois point quelle raison ou apparence on puisse avoir de combattre la doctrine des âmes particulières. Ceux qui le font accordent que ce qui est en nous est un effet de l’esprit universel. Mais les effets de Dieu sont subsistants, pour ne pas dire que même en quelque façon les modifications et effets des créatures sont durables, et que leurs impressions se joignent seulement sans se détruire. Donc, si conformément à la raison et aux expériences, comme on a fait voir, l’animal avec ses perceptions plus ou moins distinctes et avec certains organes subsiste toujours, et si par conséquent cet effet de Dieu subsiste toujours dans ces organes, — pourquoi ne serait-il pas permis de l’appeler l’âme, et de dire que cet effet de Dieu est une âme immatérielle et immortelle, qui imite en quelque façon l’esprit universel, puisque cette doctrine, d’ailleurs, fait cesser toutes les difficultés, comme il paraît par ce que je viens de dire ici et en d’autres écrits que j’ai faits sur ces matières.