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Réponse de M. Foucher à M. Leibniz

sur son nouveau système
de la connaissance des substances
Journal des Savants, 12 septembre 1695.

Quoique votre système, Monsieur, ne soit pas nouveau pour moi, et que je vous aie déclaré en partie mon sentiment, en répondant à une lettre que vous m’aviez écrite sur ce sujet il y a plus de dix ans, je ne laisserai pas de vous dire encore ici ce que j’en pense, puisque vous m’y invitez de nouveau.

La première partie ne tend qu’à faire reconnaître dans toutes les substances des unités qui constituent leur réalité et, les distinguant des autres, forment, pour parler à la manière de l’école, leur individuation ; et c’est ce que vous remarquez premièrement au sujet de la matière, ou de l’étendue. Je demeure d’accord avec vous qu’on a raison de demander des unités qui fassent la composition et la réalité de l’étendue. Car sans cela, comme vous remarquez fort bien, une étendue toujours divisible n’est qu’un composé chimérique dont les principes n’existent point, puisque sans unités il n’y a point de multitude véritablement. Cependant je m’étonne que l’on s’endorme sur cette question : car les principes essentiels de l’étendue ne sauraient exister réellement. En effet, des points sans parties ne peuvent être dans l’univers, et deux points joints ensemble ne forment aucune extension : il est impossible qu’aucune longueur subsiste sans largeur, ni aucune superficie sans profondeur. Et il ne sert de rien d’apporter des points physiques, puisque ces points sont étendus et renferment toutes les difficultés qu’on voudrait éviter. Mais je ne n’arrêterai pas davantage sur ce sujet, sur lequel