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de la connaissance

carrés de ses côtés qui comprennent l’angle droit sont égaux au carré de l’hypoténuse. Un homme pourrait ruminer longtemps ces axiomes, sans voir jamais plus clair dans les mathématiques.

Th. Il ne sert de rien de ruminer les axiomes, sans avoir de quoi les appliquer. Les axiomes servent souvent à lier les idées, comme par exemple cette maxime, que les étendues semblables de la seconde et de la troisième dimension sont en raison doublée et triplée des étendues correspondantes de la dimension première, est d’un grandissime usage ; et la quadrature, par exemple, de la lunule d’Hippocrate en naît d’abord dans le cas des cercles, en y joignant l’application de ces deux figures l’une à l’autre, quand leur position donnée y fournit la commodité, comme leur comparaison connue en promet des lumières.

Chap. XIII. — Autres considérations
sur notre connaissance
.

§ 1. Ph. Il sera peut-être encore à propos d’ajouter que notre connaissance a beaucoup de rapport avec la vue en ceci, aussi bien qu’en autres choses, qu’elle n’est ni entièrement nécessaire, ni entièrement volontaire. On ne peut manquer de voir quand on a les yeux ouverts à la lumière, mais on peut la tourner vers certains objets, § 2, et les considérer avec plus ou moins d’application. Ainsi, quand la faculté est une fois appliquée, il ne dépend pas de la volonté de déterminer la connaissance ; non plus qu’un homme ne peut s’empêcher de voir ce qu’il voit. Mais il faut employer ses facultés comme il faut pour s’instruire.

Th. Nous avons parlé autrefois de ce point et établi qu’il ne dépend pas de l’homme d’avoir un tel ou un tel sentiment dans l’état présent, mais il dépend de lui de se préparer pour l’avoir et pour ne le point avoir dans la suite, et qu’ainsi les opinions ne sont volontaires que d’une manière indirecte.

Chap. XIV. — Du jugement.

§ 1. Ph. L’homme se trouverait indéterminé dans la plupart des actions de sa vie s’il n’avait rien à se conduire dès qu’une connais-