une ? Mais je ne permets ce doute que par rapport à une démonstration rigoureuse fondée sur l’idée toute seule. Car on est assez assuré, d’ailleurs, de l’idée et de l’existence de Dieu. Et vous vous souviendrez que j’ai montré comment les idées sont en nous non pas toujours en sorte qu’on s’en aperçoive, mais toujours en sorte qu’on les peut tirer de son propre fond et rendre apercevables. Et c’est aussi ce que je crois de l’idée de Dieu, dont je tiens la possibilité et l’existence démontrées de plus d’une façon. Et l’harmonie préétablie même nous fournit un autre moyen incontestable. Je crois d’ailleurs que tous les moyens qu’on a employés pour prouver l’existence de Dieu sont bons et pourraient servir, si on les perfectionnait, et je ne suis nullement d’avis qu’on doive négliger celui qui se tire de l’ordre des choses.
§ 9. Ph. Il sera peut-être à propos d’insister un peu sur cette question, si un être pensant peut venir d’un être non pensant et privé de tout sentiment et connaissance, tel que pourrait être la matière. § 10. Il est même assez manifeste qu’une partie de la matière est incapable de rien produire par elle-même et de se donner du mouvement. Il faut donc, ou que son mouvement soit éternel, ou qu’il lui soit imprimé par un être plus puissant. Quand ce mouvement serait éternel, il serait toujours incapable de produire de la connaissance. Divisez-la en autant de petites parties qu’il vous plaira, comme pour la spiritualiser, donnez-lui toutes les figures et tous les mouvements que vous voudrez, faites-en un globe, un cube, un prisme, un cylindre, etc., dont les diamètres ne soient que la 100000e partie d’un gry, qui est l/10 d’une ligue qui est 1/10 d’un pouce, qui est 1/10 d’un pied philosophique, qui est 1/3 d’un pendule, dent chaque vibration dans la latitude de 45 degrés est égale à une seconde de temps. Cette particule de matière, quelque petite qu’elle soit, n’agira pas autrement sur d’autres corps, d’une grosseur qui lui soit proportionnée, que les corps qui ont un pouce ou un pied de diamètre agissent entre eux. Et l’on peut [1] espérer avec autant de raison de produire du sentiment, des pensées et de la connaissance, en joignant ensemble des grosses parties de la matière de certaine figure et de certain mouvement, que par le moyen des plus petites parties de matière qu’il y ait au monde. Ces dernières se heurtent, se poussent, et résistent l’une à l’autre juste-
- ↑ Gehrardt : l’on pense.