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nouveaux essais sur l’entendement

cela du mérite des écrivains célèbres, on leur rend témoignage en faisant connaître en quoi et pourquoi on s’éloigne de leur sentiment quand on juge nécessaire d’empêcher que leur autorité ne prévaille sur la raison en quelques points de conséquence ; outre qu’en satisfaisant à de si excellents hommes, on rend la vérité plus recevable, et il faut supposer que c’est principalement pour elle qu’ils travaillent. En effet, quoique l’auteur de l’Essai dise mille belles choses, où j’applaudis, nos systèmes différent beaucoup. Le sien a plus de rapport à Aristote[1] et le mien à Platon[2], quoique nous nous éloignions en bien des choses l’un et l’autre de la doctrine de ces deux anciens. Il est plus populaire, et moi je suis forcé quelquefois d’être un peu plus achromatique et plus abstrait, ce qui n’est pas un avantage à moi surtout, quand on écrit dans une langue vivante. Je crois cependant qu’en faisant parler deux personnes, dont l’une expose les sentiments, tirés de l’Essai de cet auteur, et l’autre y joint mes observations, le parallèle sera plus au gré du lecteur que des remarques toutes sèches dont la lecture aurait été interrompue à tout moment par la nécessité de recourir à son livre pour entendre le mien. Il sera pourtant bon de conférer encore quelquefois nos écrits et de ne juger de ses sentiments que par son propre ouvrage, quoique j’en aie gardé ordinairement les expressions. Il est vrai

  1. Aristote, disciple de Platon, fondateur de l’école péripatéticienne, ou du Lycée, né à Stagyre en 384, mort à Chalcis dans l’Eubée en 322, Il fut le précepteur d’Alexandre. C’est le plus illustre encyclopédiste de l’antiquité. : il n’est guère de sciences auxquelles il n’ait travaillé. Ses principaux ouvrages sont : l’Organon (composé de six ouvrages), ou Logique, la Physique le Traité de l’âme, la Métaphtysique, la Morale à Nicomaque, la Politique, l’Histoire des animaux, etc. — La première édition complète de ses œuvres est celle de Venise, 5 vol. in-fol., 1495-1498. On estime aussi celle de Duval, Paris, 1619-1654, 4 vol. in-fol. avec une traduction latine. La plus complète et la plus récente est celle de M.  Boeck, édition dite de Berlin. Il faut compter aussi l’édition gréco-latine de Firmin-Didot (4 vol. in-4o). M.  Barthélemy Saint-Hilaire a entrepris une traduction complète d’Aristote en français qui est aujourd’hui achevée.
  2. Platon, philosophe illustre de l’antiquité, ne dans l’île d’Égine 427 av. J.-C., mort en 347. Il fut disciple de Socrate, fonda l’Académie, dont il laissa la directions à son neveu, Speusippe Tous ses ouvrages nous sont parvenus. Ce sont les Dialogues, dont le principal personnage est toujours Socrate. Les plus célèbres sont le Phédon, le Phèdre, le Banquet, le Gorgias, le Timée et la République. Nous avons aussi sous son nom des Lettres que la plupart des critiques regardent comme apocryphes. Il y a eu un nombre considérable d’éditions de Platon, dont les plus célèbres sont celles d’Henri Étienne, en 1578, et parmi les modernes celles de Becker, d’Ast, de Stallbaum. et tout récemment de Steinbart. Parmi les traductions, nous citerons la traduction latine de Marcile Ficin, allemande de Schleiermacher, et française de M.  Victor Cousin. Quant aux Commenttaires sur Platon, ils sont innombrables. Un ouvrage important sur Platon a été publie à Londres par M.  Grote, l’historien de la Grèce, 3 vol. in-8o, Londres, 1864, et un autre en France par M.  Alfred Fouillée, 1660.