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des mots

feuilles sèches qui tombent en automne. § 15. Les noms des modes composés doivent être expliqués par la définition, car cela se peut. § 16. C’est par là que la morale est susceptible de démonstration. On y prendra l’homme pour un être corporel et raisonnable, sans se mettre en peine de la figure externe ; § 17. car c’est par le moyen des définitions, que les matières de morale peuvent être traitées clairement. On aura plutôt fait de définir la justice suivant l’idée qu’on a dans l’esprit, que d’en chercher un modèle hors de nous, comme Aristide, et de la former là-dessus. § 18. Et, comme la plupart des modes composés n’existent nulle part ensemble, on ne les peut fixer qu’en les définissant par l’énumération de ce qui est dispersé. § 19. Dans les substances, il y a ordinairement quelques qualités directrices ou caractéristiques que nous considérons comme l’idée la plus distinctive de l’espèce, auxquelles nous supposons que les autres idées qui forment l’idée complexe de l’espèce, sont attachées. C’est la figure dans les végétaux et animaux, et la couleur dans les corps inanimés, et dans quelques-uns c’est la couleur ou la figure ensemble. C’est pourquoi, § 20, la définition de l’homme donnée par Platon, est plus caractéristique que celle d’Aristote ; ou bien on ne devrait point faire mourir les productions monstrueuses. § 21. Et souvent la vue sert autant qu’un autre examen ; car des personnes accoutumées à examiner l’or, distinguent souvent à la vue le véritable or d’avec le faux, le pur d’avec celui qui est falsifié.

Th. Tout revient sans doute aux définitions qui peuvent aller jusqu’aux idées primitives. Un même sujet peut avoir plusieurs définitions, mais pour savoir qu’elles conviennent au même, il faut l’apprendre par la raison ; en démontrant une définition par l’autre, ou par l’expérience en éprouvant qu’elles vont constamment ensemble. Pour ce qui est de la morale, une partie en est toute fondée en raison ; mais il y en a une autre qui dépend des expériences et se rapporte aux tempéraments. Pour connaître les substances, la figure et la couleur, c’est-à-dire le visible, nous donnent les premières idées, parce que c’est par la qu’on connaît les choses de loin ; mais elles sont ordinairement trop provisionnelles, et dans les choses qui nous importent, on tâche de connaître la substance de plus près. Je m’étonne au reste, que vous reveniez encore à la définition de l’homme, attribuée à Platon, depuis que vous venez de dire vous-même § 16, qu’en morale on doit prendre l’homme pour un être corporel et raisonnable sans se mettre en peine de la figure externe.