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des mots

paraît visiblement par ces mots, murther, qui signifie en anglais, comme mord en allemand, homicide de dessein prémédité ; manslaughter, mot répondant dans son origine à celui d’homicide qui en signifie un volontaire, mais non prémédité ; chancemedly, mêlée arrivée par hasard, suivant la force du mot ; homicide commis sans dessein ; car ce qu’on exprime par les noms, et ce que je crois être dans la chose (ce que j’appelais auparavant essence nominale et essence réelle) est le même. Mais il n’est pas ainsi dans les noms des substances, car, si l’un met dans l’idée de l’or ce que l’autre y omet, par exemple la fixité et la capacité d’être dissous dans l’eau régale, les hommes ne croient pas pour cela qu’on ait changé l’espèce, mais seulement que l’un en ait une idée plus parfaite que l’antre de ce qui fait l’essence réelle cachée, à laquelle ils rapportent le nom de l’or, quoique ce secret rapport soit inutile et ne serve qu’à nous embarrasser.

Th. Je crois de l’avoir déjà dit ; mais je vais encore vous montrer clairement ici que ce que vous venez de dire, Monsieur, se trouve dans les modes ; comme dans les êtres substantiels, et qu’on n’a point sujet de blâmer ce rapport à l’essence interne. En voici un exemple : On, peut définir une parabole, au sens des géomètres, que c’est une figure dans laquelle tous les rayons parallèles à une certaine droite sont réunis par la réflexion dans un certain point ou foyer. Mais c’est plutôt l’extérieur et l’effet qui est exprimé par cette idée ou définition, que l’essence interne de cette figure, ou ce qui en puisse faire d’abord connaître l’origine. On peut même douter au commencement si une telle figure, qu’on souhaite et qui doit faire cet effet est quelque chose de possible ; et c’est ce qui chez moi fait connaître si une définition est seulement nominale et prise des propriétés. ou si elle est encore réelle. Cependant celui qui nomme la parabole et ne la connaît que par la définition que je viens de dire, ne laisse pas, lorsqu’il en parle, d’entendre une figure qui a une certaine construction ou constitution qu’il ne sait pas, mais qu’il souhaite d’apprendre pour la pouvoir tracer. Un autre qui l’aura plus approfondie y ajoutera quelque autre propriété, et il y découvrira par exemple que dans la figure qu’on demande ; la portion de l’axe interceptée entre l’ordonnée et la perpendiculaire, tirées au même point de la courbe, est toujours constante ; et qu’elle est égale à la distance du sommet et du foyer. Ainsi il aura une idée plus parfaite que le premier et arrivera plus aisément à tracer la figure, quoi-