Chap. VII. — Des idées simples qui viennent par sensation et par réflexion.
§ 1. Ph. Il y a des idées simples, qui se font apercevoir dans l’esprit par toutes les voies de la sensation et par la réflexion aussi, savoir le plaisir, la douleur, la puissance, l’existence et l’unité.
Th. Il semble que les sens ne sauraient nous convaincre de l’existence des choses sensibles sans le secours de la raison. Ainsi je croirais que la considération de l’existence vient de la réflexion. Celle de la puissance et de l’unité aussi vient de la même source et sont d’une tout autre nature que les perceptions du plaisir et de la douleur.
Chap. VIII. — Autres considérations sur les idées simples.
§ 2. Ph. Que dirons-nous des idées des qualités privatives ? Il me semble que les idées du repos, des ténèbres et du froid sont aussi positives que celles du mouvement, de la lumière et du chaud. Cependant, en proposant ces privations comme des causes des idées positives, je suis l’opinion vulgaire : mais dans le fond il sera malaisé de déterminer s’il y a effectivement aucune idée qui vienne d’une cause privative, jusqu’à ce qu’on ait déterminé si le repos est plutôt une privation que le mouvement.
Th. Je n’avais point cru qu’on pût avoir sujet de douter de la nature privative du repos. Il lui suffit qu’on nie le mouvement dans le corps ; mais il ne suffit pas au mouvement qu’on nie le repos, et il faut ajouter quelque chose de plus pour[1] déterminer le degré du mouvement, puisqu’il reçoit essentiellement du plus ou du moins, au lieu que tous les repos sont égaux. Autre chose est, quand on parle de la cause du repos, qui doit être positive dans la matière seconde ou masse. Je croirais encore que l’idée même du repos est privative, c’est-à-dire qu’elle ne consiste que dans la négation. Il est vrai que l’acte de nier est une chose positive.
- ↑ Pour manque dans Gehrardt.