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livre second

des idées


Chap. Ier. — Où l’on traite des idées en général, et où l’on examine par occasion si l’âme de l’homme pense toujours.

§ 1. Ph. Après avoir examiné si les idées sont innées, considérons leur nature et leur différences. N’est il pas vrai que l’idée est l’objet de la pensée ?

Th. Je l’avoue, pourvu que vous ajoutiez que c’est un objet immédiat interne et que cet objet est une expression de la nature ou des qualités des choses. Si l’idée était la forme de la pensée, elle naîtrait et cesserait avec les pensées actuelles qui y répondent ; mais en étant l’objet, elle pourra être antérieure et postérieure aux pensées. Les objets externes sensibles ne sont que médiats, parce qu’ils ne sauraient agir immédiatement sur l’âme. Dieu seul est l’objet externe immédiat. On pourrait dire que l’âme même est son objet immédiat interne ; mais c’est en tant qu’elle contient les idées, ou ce qui répond aux choses. Car l’âme est un petit monde, où les idées distinctes sont une représentation de Dieu et où les confuses sont une représentation de l’univers.

§ 2. Ph. Nos messieurs, qui supposent qu’au commencement l’âme est une table rase, vide de tous caractères et sans aucune idée, demandent comment elle vient à recevoir des idées et par quel moyen