Page:Œuvres morales de Plutarque, traduites du grec par Amyot, tome 3, 1802.djvu/32

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mais cela n'est pas simplement quand de mauvaises femmes entrent en une maison, ains quand elles y hantent lors que quelque noise contre le mary, ou quelque jalousie, leur ouvrent non seulement les portes de la maison, mais aussi les oreilles, c'est alors que la femme sage doit fermer les oreilles et se donner bien garde de leur babil, de peur que ce ne soit adjouster feu sur feu, et qu'elle doit bien avoir devant ses yeux le dire du Roy Philippus de Macedoine : car on lit qu'il respondit un jour à quelques uns de ses familiers qui l'irritoient alencontre des Grecs, d'autant qu'ils detractoient et mesdisoient de luy, apres en avoir receu beaucoup de bien : «Or advisez donc qu'ils feroient, dit il, si je leur faisois du mal.» Quand doncques telles femmes viendront à luy dire : Comment, vostre mary vous fait injure, à vous qui l'aimez tant, et qui luy gardez si bien loyauté de mariage : elle leur respondra, Que me fera-il doncques si

je commance à le haïr, et à luy faire tort ? Un maistre aiant apperçeu son esclave fugitif, qui s'en estoit fuy long temps y aboit, se meit à courir apres pour le reprendre : l'esclave fuyant, se jetta dedans un moulin : et le maistre dit en luy-mesme, En quel lieu eussé-je mieux aimé le trouver ? Aussi la femme qui par jalousie est sur le poinct de faire divorse avec son mary, qu'elle die à par-soy en elle mesme : En quel estat aimeroit mieux