Page:Œuvres morales de Plutarque, traduites du grec par Amyot, tome 3, 1802.djvu/29

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fin qu'ils estiment toutes choses communes entre-eux.

Il y avoit une coustume en la ville de Leptis, qui est situee en la Barbarie, que la mouvelle mariee le lendemain de ses nopces envoyoit devers la mere de son mary luy demander à emprunter un pot à mettre au feu : sa belle-mere le luy refusoit, et respondoit qu'elle n'en avoit point, à fin que dés le commancement la nouvelle espousee apprist, que la belle-mere tient un peu de la marastre, et que si apres il advenoit qu'elle luy teint quelque autre plus aspre rudesse, elle ne le trouvast point estrange, et qu'elle ne s'en courrouceast point : aussi fault-il que la femme de bonne heure remedie à l'occasion de ceste ordinaire rudesse, qui n'est autre chose que la jalousie de la mere pour l'amitié que son fils luy porte : et le remede unique de ceste passion est, que la femme s'estudie tellement de gaigner la bonne grace de son mary, que pour cela elle ne diminue point, ny ne tire point à elle l'affection que le fils doit porter à sa mere.

Il semble que les meres entre leurs enfans aiment plus coustumierement les fils que les filles, comme ceux de qui elles esperent plus de secours : et les peres au contraire, aiment plus les filles, comme celles qui ont plus de besoing de leurs secours : et peut