Page:Œuvres morales de Plutarque, traduites du grec par Amyot, tome 3, 1802.djvu/19

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Quand les Roys aiment la musique, ils sont cause que de leur regne il se fait plusieurs bons Musiciens : semblablement ceux qui aiment les lettres, font plusieurs hommes lettrez, ceux qui aiment les exercices de la personne, rendent plusieurs de leurs subjets bien adroits et dispos : Aussi un mary qui n'aime que le corps, fait que sa femme n'a autre soing que de se farder : qui aime la volupté, fait qu'elle tient de la courtisane, et devient lubricque et lascive : et quand il aime l'honneur et la vertu, il la rend safe, vertueuse et honneste.

Une jeune garçe Laconiene respondit à quelqu'un qui luy demandoit, si elle avoit ja esté au mary : Non pas moy à luy, mais bien luy à moy. C'est, à mon advis, la maniere comme se doit comporter une femme honneste envers son mary, de ne rejetter ny ne desdaigner point le jeux et caresses d'amour, quand son mary les commance, ny aussi ne les commancer point : pource que l'un tient de la courtisane effrontee, l'autre sent sa femme superbe, et qui n'a point de grace ny d'amour.

Il ne faut point que la femme face d'amis particuliers, mais bien qu'elle estime communs ceux de son mary. Or les Dieux sont les premiers et les plus grands amis que puisse avoir l'homme : pource faut-il qu'elle serve et adore ceux que son mary repute Dieux seulement, sans en recognoistre d'autres : et au demourant qu'elle ferme sa porte à