Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/8

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien et ma vie, pour votre conservation. Je sais que la plupart des gouverneurs n’en usent pas ainsi, et que tirant de vous tout le service qu’ils en peuvent tirer, dans un temps paisible, ils vous abandonnent, aussitôt qu’ils vous voient dans le danger. Pour moi, qui vous ai mille obligations, je prétends ici les reconnoître ; et en qualité de gouverneur, et comme une personne sensiblement obligée, je viens vous rendre tout le service que je pourrai, dans une conjoncture si périlleuse.

Le premier président[1] ne répondant rien à cette harangue, et témoignant assez par le chagrin de son visage, combien la présence du duc l’affligeoit, tous les Messieurs[2] lui donnèrent des témoignages de joie, qui furent animés par la bouche d’un conseiller de la grande chambre, appelé du Mesnilcôté, qui lui fit ce beau discours : La même différence qui se rencontre entre le loup et le berger, prince débonnaire, la même se trouve entre le comte d’Harcourt et Votre Altesse, en cette occasion. Le comte

  1. Jean-Louis Faucon de Ris. Voyez, sur ce personnage, les Historiettes de Tallemant, t. 6, p. 497, éd. de P. Paris.
  2. Dans le plus grand nombre des éditions, on lit : tous les messieurs, sans qu’on ait paru se douter que Messieurs étoit un titre particulier d’honneur, pour les membres du parlement : Messieurs étant entrés, etc. Voy. le Journal de Barbier, t. I, etc.