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pour suivre les ennemis, quand ils étoient en déroute. Il est certain que les Romains faisoient consister leurs forces dans l’infanterie, et comptoient pour peu de chose le combat qu’on pouvoit rendre à cheval. Les légions, surtout, avoient en grand mépris la cavalerie des ennemis, jusqu’à la guerre de Pyrrhus, où les Thessaliens leur donnèrent lieu de changer de sentiment. Mais celle d’Annibal leur donna de grandes frayeurs ; et ces invincibles légions en furent quelque temps si épouvantées, qu’elles n’osoient descendre dans la moindre plaine.

Pour revenir au temps de Papirius, on ne savoit, pour ainsi dire, ce que c’étoit que de cavalerie ; on ne savoit encore ni se poster, ni camper dans aucun ordre ; car, ils avouent, eux-mêmes, qu’ils apprirent à former leur camp, sur celui de Pyrrhus, et qu’auparavant ils avoient toujours campé en confusion. On n’ignoroit pas moins les machines et les ouvrages nécessaires pour un grand siège : ce qui venoit, ou du peu d’invention de ce peuple nullement industrieux, ou de ce que n’y ayant presque jamais de vieilles armées, on ne donnoit pas le loisir aux hommes de mener les choses à leur perfection.

Rarement une armée passoit, des mains d’un consul dans celles d’un autre. Plus rarement