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Qui ne vient pas des mouvements du cœur.
Corisque, hélas ! agréable infidèle,
Vous que j’ai vue, et perfide, et si belle,
Laisserez-vous périr votre beauté,
Pour démentir votre légèreté ?
Dans vos plaisirs l’une et l’autre enchaînées,
Ont toujours eu les mêmes destinées ;
Et la rigueur d’un semblable destin
Leur va donner une pareille fin.
Vos yeux mourants reprochent à votre âme
Qu’ils vont s’éteindre en cette vieille flamme,
Et que l’amour de quelque objet nouveau
Rendroit leur feu plus brillant et plus beau.
Tous vos attraits s’adressent à la bouche,
Pour vous parler de l’ennui qui les touche ;
Mais elle-même, aujourd’hui sans couleur,
N’ose parler de sa propre douleur ;
Ses doux appas exposés au pillage,
Endurent seuls une impuissante rage :
Tant de beautés qui régnoient autrefois,
Pour leur salut ont recours à ma voix.
Leur mal est grand, sensible à qui vous aime ;
En les plaignant, c’est vous plaindre vous-même :
Et, si je cherche un remède à ce mal,
Au vôtre, au leur le remède est égal.
Écoutez donc un avis salutaire ;
Sachez de moi ce que vous devez faire :
Un Dieu chagrin s’irrite contre vous ;
Tâchez, Philis, d’appaiser son courroux.
Vous reprendrez votre premier visage,
En reprenant votre premier usage ;
Et le retour de vos légèretés
Nous fera voir celui de vos beautés.