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Qui sut couvrir de tant de funérailles
Les champs fameux de Nordlingue et Rocroi ;
Qui sut remplir nos ennemis d’effroi ;
Las de fournir les sujets de l’histoire,
Voulant jouir quelquefois de sa gloire,
De fier et grand, rendu civil et doux,
Ce même duc alloit souper chez vous.
Comme un héros jamais ne se repose,
Après souper il faisoit autre chose ;
Et, sans savoir s’il poussoit des soupirs,
Je sais au moins qu’il aimoit ses plaisirs.
L’air délicat d’une exquise peinture,
Cette fraîcheur qu’inspire la nature,
Ce teint uni qui paroît sur les fleurs,
Le vif éclat des plus riches couleurs,
N’ont rien d’égal à ces belles jeunesses
Qui vous donnoient leurs plus molles caresses ;
N’ont rien d’égal à de tendres beautés,
Charmants sujets de mille voluptés,
Que leur amour, aux dépens de leurs larmes,
Assujettit autrefois à vos charmes ;
Que leur amour, par des désirs pressants,
Assujettit au pouvoir de vos sens.
Dis-je bien vrai ? N’est-ce point un mensonge ?
Las ! il fut vrai, mais ce n’est plus qu’un songe.
Quand un plaisir une fois est goûté,
Ce n’est plus rien que songe et vanité.
Des vieux amants si la gloire passée
Vient quelquefois s’offrir à la pensée,
Le souvenir de leurs traits les plus beaux
Donne un désir pour des objets nouveaux ;
Et, rappelant cette première image,
Touche le cœur pour un autre visage.