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les grands ouvrages, soit que les neveux, glorieux en tout, aient voulu que leurs ancêtres eussent les vertus, quand ils n’avoient pas les grandeurs.

Je sais bien qu’on peut alléguer certaines actions d’une vertu si belle et si pure, qu’elles serviront d’exemples, dans tous les siècles ; mais ces actions étoient faites par des particuliers, qui ne se ressentoient en rien du génie de ce temps-là : ou c’étoient des actions singulières, qui, échappant aux hommes par hasard, n’avoient rien de commun avec le train ordinaire de leur vie.

Il faut avouer, pourtant, que des mœurs si rudes et si grossières, convenoient à la république qui se formoit. Une âpreté de naturel, qui ne se rendoit jamais aux difficultés, établissoit Rome plus fortement que n’auroient fait des humeurs douces, avec plus de lumières et de raison. Mais cette qualité, considérée en elle-même, étoit, à vrai dire, une qualité bien sauvage, qui ne mérite de respect que par la recommandation de l’antiquité, et pour avoir donné commencement à la plus grande puissance de l’univers.