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qui, pour être né sous des empereurs, ne laissa pas de préférer la liberté à l’empire. Mon sentiment est qu’on peut bien admirer la République, sans admirer la manière dont elle fut établie.

Pour revenir à ces rois, il est certain que chacun a eu son talent particulier ; mais, pas un d’eux n’eut une capacité assez étendue. Il falloit à Rome de ces grands rois qui savent embrasser toutes choses, par une suffisance universelle. Elle n’auroit pas eu besoin d’emprunter de différents princes les diverses institutions qu’un même auroit pu faire aisément durant sa vie.

Le règne de Tarquin est connu de tout le monde, aussi bien que l’établissement de la liberté. L’orgueil, la cruauté, l’avarice étoient ses qualités principales. Il manquoit d’habileté à conduire sa tyrannie. Pour définir sa conduite, en peu de mots : il ne savoit ni gouverner selon les lois, ni régner contre.

Dans un état si violent pour le peuple, et si mal sûr pour le prince, on n’attendoit qu’une occasion pour se mettre en liberté, quand la mort de la misérable Lucrèce la fit naître. Cette prude, farouche à elle-même, ne put se par-


immo vel plurimum profuit. Sic enim effectum est ut, agitatus injuriis populus, cupiditate libertatis incenderetur. Florus, Epitome rerum Romanarum, lib. I, cap. 8.