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eux, qu’un très-foible mouvement. Pour connoître le peu d’action qu’ils ont eu, il suffira de savoir que sept rois, au bout de deux cents et tant d’années, n’ont pas laissé un État beaucoup plus grand que celui de Parme ou de Mantoue. Une seule bataille gagnée aujourd’hui, en des lieux serrés, donneroit plus d’étendue.

Pour ces talents divers et singuliers qu’on attribue à chacun, par une mystérieuse providence, il n’est arrivé, en eux, que ce qui étoit arrivé auparavant à beaucoup de princes. Rarement on a vu le successeur avoir les qualités de celui qui l’avoit précédé. L’un, ambitieux et agissant, a mis tout le mérite dans la guerre. L’autre, qui aimoit naturellement le repos, s’est cru le plus grand politique du monde, de se conserver dans la paix. Celui-là faisoit de la justice sa principale vertu. Celui-ci n’a eu de zèle que pour ce qui regarde la religion. Ainsi, chacun a suivi son naturel, et s’est plu dans l’exercice de son talent ; et il est ridicule de faire une espèce de miracle d’une chose si ordinaire. Mais, je dirai plus : tant s’en faut qu’elle ait été avantageuse au peuple romain, qu’on lui doit imputer, à mon avis, le peu d’accroissement qu’a eu Rome, sous les rois ; car il n’y a rien qui empêche tant le progrès que cette différence de génie, qui fait quitter bien souvent le véritable intérêt qu’on n’entend point, par un nouvel esprit qui veut