Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les défauts, ont cherché bien souvent, hors d’elle, les causes de leur mérite ; et de là vient que les anciens ont voulu tenir ordinairement à quelque Dieu dont ils se disoient descendus, ou dont ils reconnoissoient une protection particulière.

Quelques-uns ont fait semblant d’en être persuadés, pour persuader les autres, et se sont servis ingénieusement d’une tromperie avantageuse, qui donnoit de la vénération pour leur personne, et de la soumission pour leur puissance. Il y en a eu qui s’en sont flattés sérieusement. Le mépris qu’ils faisoient des hommes, et l’opinion présomptueuse qu’ils avoient de leurs grandes qualités, leur a fait chercher chimériquement, une origine différente de la nôtre ; mais il est arrivé, plus souvent, que les peuples, pour se faire honneur, et par un esprit de gratitude envers ceux qui les avoient bien servis, ont donné cours à cette sorte de fable.

Les Romains n’ont pas été exempts de cette vanité. Ils ne se sont pas contentés de vouloir appartenir à Vénus par Énée, conducteur des Troyens en Italie ; ils ont rafraîchi leur alliance avec les dieux, par la fabuleuse naissance de Romulus, qu’ils ont cru fils du dieu Mars, et qu’ils ont fait dieu lui-même, après sa mort. Son successeur Numa n’eut rien de divin, en sa