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tre ; faisons en sorte que les moins dévots les écoutent avec toute la docilité que peuvent avoir les personnes les plus soumises : il est certain que de la doctrine la plus sainte, des actions les plus chrétiennes, et des vérités les plus utiles, on fera les tragédies du monde qui plairont le moins.

L’esprit de notre religion est directement opposé à celui de la tragédie. L’humilité et la patience de nos saints sont trop contraires aux vertus des héros que demande le théâtre. Quel zèle, quelle force le ciel n’inspire-t-il pas à Néarque et à Polyeucte3 ? et que ne font pas ces nouveaux chrétiens pour répondre à ces heureuses inspirations ? L’amour et les charmes d’une jeune épouse chèrement aimée ne font aucune impression sur l’esprit de Polyeucte. La considération de la politique de Félix, comme moins touchante, fait moins d’effet. Insensible aux prières et aux menaces, Polyeucte a plus d’envie de mourir pour Dieu, que les autres hommes n’en ont de vivre pour eux. Néanmoins, ce qui eût fait un beau sermon faisoit une misérable tragédie, si les


qu’on les avoit fait durer l’espace de six ou sept mois), ont dit vespres les jours de festes, à l’heure de midy, et encore les disoient en poste et à la légère, pour aller esdits Jeux, etc. » (Des Maizeaux.)

3. Voy. le Polyeucte de Corneille.