Page:Œuvres mêlées 1865 Tome II.djvu/284

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’autre, pour mourir plus étroitement unis ensemble, et la mort n’ose toucher à leurs plaisirs. La voluptueuse Tryphène se sauve dans un esquif avec toutes ses hardes. Eumolpe fut si peu ému du danger, qu’il avoit le loisir de faire quelque épigramme. Lycas, le pieux Lycas9, appelle inutilement les dieux à son secours ; et à la honte de leur providence, il paye ici pour tous les coupables. Si l’on voit quelquefois Encolpe dans les douleurs, elles ne lui viennent pas de son repentir. Il a tué son hôte, il est fugitif, il n’y a sorte de crime qu’il n’ait commis. Grâce à la bonté de sa conscience, il vit sans remords ; ses larmes,



9. M. Nodot a critiqué cet endroit dans ses notes sur Pétrone ; mais mal à propos. Il a cru que M. de Saint-Évremond appelloit Lycas pieux, à cause que Pétrone lui donne la qualité de verecundissimus. Ce n’est point cela. M. de Saint-Évremond accuse Pétrone de protéger l’impiété et le vice, pendant qu’il fait opprimer la vertu et la piété ; et il le prouve par l’exemple de Lycas, qui étant le seul dans la tempête qui craignît la colère des dieux, et mît tout en usage pour l’apaiser, fut aussi le seul de la troupe qui périt misérablement. Ce n’est donc que par rapport à ces mouvements de dévotion qu’il l’appelle le pieux Lycas ; c’est à cause de l’empressement qu’il a de faire rendre le voile et le sistre d’Isis, et des instances réitérées qu’il fait à Encolpe sur ce sujet. Tu, inquit, Encolpi, succurre periclitantibus ; id est, vestem illam divinam, sistrumque redde navigio. Per fidem, miserere, quemadmodum quidem soles. Et illum quidem vociferantem in mare ventus excussit, repetitumque infesto gurgite procella circumegit, atque hausit. (Des Maizeaux.) Satyr., 114.