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que espérance du Tapinois[1]. Au reste, Belle-Isle étoit en fort bon état ; il y avoit garnison dans Machecoul, et l’on faisoit bonne garde à Montmirel. Sa façon de vivre avec les officiers fut tout à fait obligeante, et quiconque étoit assez heureux pour avoir un bufle ou une hongreline de velours noir, pouvoit s’assurer de son amitié.

Vous voyez les différents emplois des plus considérables personnes du parti. Si quelqu’un s’étonne que je ne dise rien de leurs actions, c’est que je suis exactement véritable ; et comme je n’ai vu autre chose, je n’ai rien dit davantage. Cependant, je me tiens heureux d’avoir acquis la haine de ces mouvements-là, plus par observation que par ma propre expérience. C’est un métier pour les sots, et pour les malheureux, dont les honnêtes gens, et ceux qui se trouvent bien, ne se doivent point mêler.

Les dupes viennent là tous les jours en foule : les proscrits, les misérables s’y rendent des deux bouts du monde ; jamais tant d’entretiens de générosité, sans honneur ; jamais tant de

  1. Le chevalier d’Aubeterre étant à l’armée, se déroboit quelquefois de table, ou d’ailleurs, pour aller essuyer quelques coups de mousquet à la tranchée ; et ses amis, qui s’attendoient à toute autre chose, étoient surpris de le voir revenir blessé. De là le nom de Tapinois. (Des Maizeaux.) Voyez Tallemant et le cardinal de Retz.