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allèrent insensiblement aux assurances de fidélité, et aux protestations de répandre jusqu’à la dernière goutte de leur sang. Il se fit ensuite plusieurs beaux discours, sur l’état présent des affaires ; et quelques-uns, possédés du zèle qu’ils avoient pour le parti, ouvrirent un avis considérable. Pourquoi, dirent-ils, ne pas battre le fer tandis qu’il est chaud ? Vous avez, monseigneur, quantité de jeunes gens dans la ville ; vous pouvez faire un gros de gentilshommes, un gros de leurs valets de chambre, auxquels vous joindrez la Cinquantaine[1] et les Archers, deux gros bataillons des meilleurs bourgeois, et avec ces troupes aller surprendre le roi, dans Saint-Germain.Oui, répondit M. de Longueville, il sera bon ; mais, comme c’est notre principale entreprise, il faut penser à la bien conduire : nous en parlerons au premier conseil. Cependant, pour éviter la confusion, qui ruine d’ordinaire tous les partis, il faut distribuer les charges, afin que chacun soit assuré de son emploi.

Varicarville[2], si considéré des esprits forts,

  1. La Cinquantaine étoit une compagnie de gardes, qui escortoit le prisonnier relâché tous les ans, à Rouen, le jour de l’ascension, après qu’il avoit levé la fierte, c’est-à-dire la châsse de Saint-Romain. Voyez les instit. de Justinien, expl. par Ét. Pasquier, page 792, et Floquet, Hist. du priv. de St-Rom., 2 vol. in-8º, 1833.
  2. Sur ce personnage, jadis lié avec Ninon de Lenclos,