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obligé de se soustraire au courroux du roi par la fuite et l’expatriation. Dès 1661, les libraires de Hollande avoient imprimé cette pièce satirique, reproduite plusieurs fois, par la presse, depuis cette époque3. En 1659, Saint-Évremond étoit inscrit parmi les auteurs du volume des Divers portraits, de Mademoiselle : livre qui étoit dans les mains de Mme de Sablé, comme de toute la société parisienne. Enfin, rien n’étoit plus connu de la marquise, que la personne de Saint-Évremond, vieux ami et hôte familier de la maison de Souvré. Le nom de Saint-Évremond avoit donc eu du retentissement bien avant 1668, surtout pour Mme de Sablé ; et si Barbin en parloit à celle-ci comme d’un inconnu, ce ne pouvoit être que par des motifs particuliers. À la ville et à la cour, en France, en Hollande et en Angleterre, le chevalier de Saint-Évremond avoit presque autant de célébrité que le chevalier de Grammont, comme le témoigne Hamilton lui-même. Le mot d’inconnu, dans l’épître de Barbin, n’étoit donc qu’à l’adresse de la police, et ne pouvoit tromper personne chez Mme de Sablé.

Le goût régnant à la place Royale, et principalement chez Mme de Sablé, étoit déjà celui des Maximes, comme au Luxembourg ce fut plus tard le goût des Portraits, comme chez Mme de Rambouillet ce fut celui des Lettres, où Voiture avoit donné le ton. La Rochefoucauld avoit commencé à écrire des Maximes, et communiqué ses premières ébauches aux grands salons de Paris, bien longtemps avant de les livrer à l’impression. Un académicien,


3. Voy. la Biblioth. du P. Le Long, III, nº 30924.